Gardes, à Vous!
Mamadou Gomis, 2013
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Mamadou Gomis, 2013
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Mamadou Gomis, 2013
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Mamadou Gomis, 2013
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Mamadou Gomis, 2013
Le piéton de Dakar
Mamadou Gomis, 2013
Le piéton de Dakar
Mamadou Gomis, 2013
Le piéton de Dakar
Mamadou Gomis, 2013
Le piéton de Dakar
Mamadou Gomis, 2013
Construire le regard
Interview avec Mamadou Gomis à Dakar, 2014
Dans un contexte de presse, une photographie a son autonomie par rapport à l’artiste. Elle est publiée pour des raisons qui n’ont rien à voir avec le photographe.
Avec la photographie, on peut communiquer mieux qu’avec n’importe quelle autre langue.
Lorsque je sors de mon pays, je ne pense pas que l’on me considère d’abord comme un photographe sénégalais. Et quand je rencontre des collègues européens ou américains, on parle d’abord de photographie.
LA RUE, C’EST L’ETERNITE.
ILS PENSAIENT QUE J’ETAIS AMERICAIN.
LA PHOTOGRAPHIE EST UNIVERSELLE
Q Pensez-vous qu’il y a une « photographie africaine » ?
MG De mon point de vue, il n’y a pas la photographie africaine, européenne ou américaine. Il y a seulement la photographie. Les regards sont différents, les manières de photographier sont différentes. Maintenant, par rapport aux frontières, on peut parler de photographie africaine, européenne ou américaine. Mais ce qui est important, ce sont les photographes. Quand on voit une photographie, on ne se demande pas : « De quelle nationalité est le photographe » ? Mais plutôt : « Qui a fait cette photo ? » Lorsque je sors de mon pays, je ne pense pas que l’on me considère d’abord comme un photographe sénégalais. Et quand je rencontre des collègues européens ou américains, on parle d’abord de photographie. C’est universel. Je pense qu’il est impossible de créer des frontières par rapport à cette langue universelle qu’est la photographie. Avec la photographie, on peut communiquer mieux qu’avec n’importe quelle autre langue. Les photographes peuvent parler avec les analphabètes. Et quand je parle des « analphabètes », je veux dire que nous tous sommes, en un sens, des analphabètes, parce qu’il y a toujours la langue de l’autre que l’on ne comprend pas. Après, cela ne règle pas le problème de ceux qui ne savent pas regarder. Les analphabètes visuels.
LES TROIS TEMPS DU REGARD
Q Communiquez-vous autour de vos photographies ? Voulez-vous les expliquer ? Que se passe-t-il lorsque le public qui reçoit vos images ne sait rien de leur contexte par exemple ?
MG Quand je fais une exposition, je fais une première sélection de photographies, je vais voir ensuite des personnes qui ne sont pas familières de la photographie. C’est d’abord à ces gens-là que je présente mes photographies, si je dois faire des reportages par exemple. Et quand je leur montre mes images, ils me disent : « Ah ! Ça j’aime bien. Ça j’aime bien. Ça j’aime bien. » Cet échange me donne une petite idée de la personne qui n’a pas l’habitude de lire certains aspects de la photographie. C’est seulement après que je vais discuter avec des professionnels. C’est important pour moi d’avoir une idée du regard professionnel et du regard non-professionnel. C’est comme ça que je fais d’habitude mes sélections. Il y a trois moments importants où l’on fait des choix. Le premier choix, c’est celui du regard, celui du moment de la prise de vue et ça m’appartient. C’est le choix du photographe qui fait son image. Le deuxième choix, c’est la sélection des images que je peux orienter selon différents points de vue (le professionnel et le non-professionnel). Et le troisième choix, c’est la réception des images. C’est l’amateur ou le professionnel qui regarde les images que j’ai choisies, c’est le public dans toute sa variété qui va juger les photos que je présente.
REPORTAGE OU EXPOSITION
Q Quelle est la différence pour vous entre un reportage et un travail artistique pour un photographe ?
MG Le photographe reporter est spécialisé dans la photographie de presse. C’est le sujet que l’on traite qui fait que l’on devient photographe reporter. Quand je sors de ce cadre, je travaille différemment. Je commence souvent par écrire un texte. Je choisis un sujet photographique et je fais de l’art. N’oublions pas que chaque photographie vit seule. Mais tout dépend du contexte et de la série pour présenter des photographies. Il faut faire un travail de longue haleine pour penser une exposition. Dans un contexte de presse, la photographie a son autonomie par rapport à l’artiste. Elle vit toute seule au sein du journal, on la publie. Par contre, dans une démarche artistique, tout dépend de la manière de traiter un sujet ou un fait. Et donc du travail que tu as fait pendant un certain temps en amont. Dans un journal, c’est juste une photographie sur un fait qui existe et que l’on publie pour des raisons qui n’ont rien à voir avec le photographe. Dans le contexte d’une exposition, c’est différent. Une démarche artistique, c’est penser à un titre, écrire un texte, montrer un travail cohérent.
ECHANGER, CROISER LES REGARDS
MG C’est l’expérience qui est importante de mon point de vue. Dans la vie on apprend toujours. Quand on échange, on gagne en ouverture. C’est comme lorsque l’on parle de coopérations : le transculturel, c’est important. Il faut croiser les différents regards. Discuter de notre propre travail entre photographes nous rapproche les uns des autres. C’est important d’échanger, d’aller vers une autre culture, de ne pas être fermé. La personne fermée, qui pense tout connaître, se trompe lourdement. Chaque fois que l’on sort de son propre cadre, pour aller vers un autre cadre, on découvre une chose nouvelle. Et cette chose nouvelle, c’est quoi ? Cela fait partie de l’enseignement. Cela dit, l’enseignement, c’est la maison, c’est l’école, c’est la rue. Et la rue, c’est l’éternité.
Interview réalisée à Dakar, Goethe-Institut Sénégal, 19. 06. 2014
Par Bärbel Küster, Marion Jäger, Alicia Hernandez-Westpfahl, Marie-Louise Mayer
Clin d'œil à Bilbao
Mamadou Gomis, 2012
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Mamadou Gomis, 2012
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